Après un parcours déjà riche en studio et sur scène, Matthieu Marthouret nous propose aujourd'hui son second album entièrement "sous son nom".
A l'orgue, bien sûr.
Avec les musiciens qui l'entourent habituellement sur scène.
Il a accepté de répondre aux questions de Hammond'n'Buzz.
Sincérité, modestie, intransigeance.
H&Buzz > - Pourquoi un CD (en des temps pas très porteurs pour la commercialisation de la musique enregistrée) ?
early years : sept 2006
H&Buzz > - Cet album : des standards ? des compos ? comment avez-vous élaboré le contenu ?
décembre 2006 (dms = Vincent Frade)
H&Buzz > - Pourquoi toi, avec Chabbey et Benarroch ?
mai 2007
Avec William et Charles, c'est aussi et d'abord une histoire d'amitié.
Depuis 2006, on a beaucoup joué ensemble, voyagé, partagé des moments
heureux et moins heureux. On se voit aussi en dehors des concerts et on
échange d'autres choses en dehors de la musique, et c'est peut-être pour
cela qu'on s'entend si bien musicalement. De ce côté là, on a aussi une
culture commune ancrée dans le blues, le bop, hard bop, mais aussi toutes
les autres musiques qui sont sorties de cette matrice originelle. Avec
William, ce qui a fait le déclic il y a cinq ans, c'est la passion commune
qu'on a pour Jimi Hendrix.
Mais c'est d'abord William qui nous a choisi pour ce projet où il voulait
renouer avec la formule du trio avec orgue et batterie, après Jazz Horizons
enregistré en 2002 avec Patrick Villanueva et George Brown. Les disques en
trio de Wes avec Mel Rhyne à l'orgue et sur certains George à la batterie
demeurent des références absolues en termes de swing, souplesse, musicalité,
et ce sont des disques de chevet autant pour William que pour moi. Sur ce
disque, on essaie finalement de creuser ce sillon sans tomber dans la copie,
avec des morceaux inédits ou des réinterprétations, avec la personnalité
musicale de trois musiciens d'aujourd'hui.
H&Buzz > - C'est le premier album ensemble ; mais tous trois avez déjà enregistré auparavant, avec des colorations, des expressions de personnalité différentes ; tu nous en dis quelques mots ?
avril 2010
Cet album est le premier mais vraisemblablement pas le dernier avec William
et Charles. On a tous les trois des collaborations et des projets propres,
mais j'aimerais beaucoup qu'on puisse approfondir notre complicité musicale,
y amener de nouvelles choses et la faire évoluer sur plusieurs années, un
peu à la manière du trio Bernstein / Goldings / Stewart ou du trio de Wes
avec Mel Rhyne et George Brown. C'est un peu une constante dans mon parcours
musical de chercher à approfondir les relations humaines et musicales, de
faire un gros bout de chemin avec des musiciens que j'apprécie pour voir un
peu jusqu'où on peut aller.
J'ai ainsi joué pendant 10 ans au sein de Moonray and the Bitch, un trio
rock avec le chanteur et guitariste australien Chris Kenna et le batteur
Henri Le Boursicaud avec qui j'ai enregistré quatre albums et joué assez
intensément. Ce projet est pour l'instant mis en sommeil car je me consacre
au jazz, mais je n'exclue pas d'y revenir si l'envie reprend avec Chris et
Henri. Côté jazz, j'ai enregistré chez Bruno Micheli un disque en 2005
composé majoritairement de compositions personnelles, avec Paul Abirached et
Thierry Tardieu, Le jardin suspendu. On y reprenait le morceau éponyme de
Jehan Alain, un des morceaux que j'interprétais quand j'étudiais l'orgue
classique au conservatoire, et surtout un compositeur dont j'ai encore envie
de creuser le répertoire et que j'invite tout le monde à aller écouter de
toute urgence. J'espère bien donner une suite à ce projet, avec une
configuration différente et d'autres morceaux personnels : à suivre !
Pour ce qui est de William, c'est le cinquième album sous son nom et il a
enregistré avec beaucoup d'autres (notamment Moritz Peter, Carlos Werneck,
Catia Werneck, Mourad Benhammou, David Sauzay, etc.).
Quant à Charles, établir
sa discographie relève de la mission impossible, tellement il a accumulé
les collaborations avec les plus grands noms de la chanson et du jazz depuis
quatre décennies. Il est plus connu côté chanson (de Dutronc aux Gipsy Kings
en passant par Higelin, Souchon, Julien Clerc, etc.) mais c'est avant tout un
batteur de jazz avec un swing terrible et qui ménage toujours des surprises.
H&Buzz > - La session d'enregistrement, quelques détails ?
janvier 2011
Nous avons enregistré ce disque avec André Bonnin chez William à
Pontault-Combault. André avait réalisé également le précédent album de
William, et à nouveau il a fait un travail exceptionnel sur le son,
particulièrement sur l'orgue. C'était mi-décembre 2010, en pleine tempête de
neige, avec des routes bloquées un peu partout qui ont bien failli
compromettre l'enregistrement !
Je possède un B3 portable et une Leslie 122 chez moi, mais j'ai décidé
finalement d'enregistrer avec le XK System et la Leslie 3300, un choix que
je ne regrette pas. Ça aurait bien sûr sonné super avec le "roues
phoniques", mais outre l'absence de stress sur les réparations de dernière
minute à effectuer parfois (mauvais souvenirs de l'époque "Moonray"), jouer
avec le XK m'a permis d'enregistrer avec la Leslie 3300 que je considère
comme la meilleure cabine jamais produite pour l'orgue Hammond, en termes de
son global, de clarté de la définition des basses, de possibilités de
paramétrage etc. Et puis il n'y a rien de tel que d'enregistrer avec le
set-up sur lequel on joue habituellement en concert.
Ce choix de matériel
n'est pas caché d’ailleurs sur la pochette du disque où je précise "orgue"
comme instrument, et où les photos montrent le XK System. Je mets au défi
quiconque de faire la différence "à l'aveugle" entre cette configuration et
un "vrai" Hammond avec une Leslie à lampes, sans vouloir réactiver un débat
sans fin entre "anciens" et "modernes" !
Le concert de lancement a eu lieu le 15 juin 2011 au Sunset/Paris souvenir vidéo - clic ici >>> |
H&Buzz > - on ne choisit pas l'orgue sans raison, ne serait-ce que par hasard : qu'est-ce qui t'a orienté vers cet instrument, pourtant pas si facile que ça, lourd, cher, fragile, encombrant, alors qu'il est tellement plus consensuel et séduisant de s'approprier la guitare ou le sax ?
Julian > - pour moi l’orgue ne se définit pas selon ces caractéristiques-là ! Le point fort le plus important, et celui qui me fait préférer l’orgue à un autre instrument, est une épée à double tranchant : le contrôle (et donc la responsabilité) sur le plus de paramètres possibles dans la musique. A savoir : la basse, l’accompagnement, les solos… autrement dit, l’orgue est connu pour ressembler à un orchestre entier, c’est donc une énorme responsabilité pour l’organiste de devoir agir comme si il était un orchestre de plusieurs musiciens ! Donc ce n’est ni lourd, ni cher, ni fragile ou encombrant à côté d’un orchestre complet !
H&Buzz > - le matos : quels orgues as-tu eu, as-tu, et voudrais-tu ? l'orgue vintage à roues, tu le vois encore incontournable, ou en voie d'extinction ?
Julian > - à mon avis l’orgue à roues phoniques est une institution du jazz et de la musique en général, il est aussi indispensable qu'irremplaçable ! Bien qu’il y ait de nombreux clones d’excellente qualité, comme le Clavia Nord C1 (que j’utilise aussi quand je n’ai pas la chance d’avoir un B3). J’espère un jour avoir mon propre B3 portable, avec quelques petites améliorations…
H&Buzz > - tout musicien a ses maîtres, même inaccessibles ; tu peux en citer quelques-uns, des organistes bien sûr, mais pas que ?
Julian > - mon maître ultime est Emmanuel Bex, c’est en assistant à un de ses concerts que j’ai décidé de faire de la musique mon métier, de même que de jouer de l’orgue ! J’aime beaucoup Thierry Eliez, Benoit Sourisse, Stefan Patry et bien sur Rhoda que j’ai eu le plaisir de rencontrer plusieurs fois ! Dans les non-organistes, je pense pêle-mêle à John Coltrane, Herbie Hancock, George Duke, Beyoncé, Bootsy Collins, Snoop Dog, D’angelo, Sting, Metallica…
H&Buzz > - tu joues (pour l'album et dans ton concept actuel) avec 3 autres garçons : comment les as-tu connu, qu'attends-tu d'eux, qu'avez-vous en commun ?
Julian > - j’ai rencontré Matteo et Jean-Philippe au Conservatoire, et Antoine bien plus tôt lors d’un stage de jazz où j’étais élève et lui professeur, à Toulon d’où je suis originaire ! J’attends d’eux avant tout de la personnalité, de l’imagination, de l’oreille et tout un tas d’autres choses ! Je suis extrêmement exigeant, mais ils sont toujours bien au-dessus de mes exigences ! Ce que nous avons en commun n’est pas le plus important, c’est plutôt ce que nous n’avons pas en commun que nous pouvons partager, échanger, communiquer !
Dr Lonnie Smith
en trio, au Festival Django Reinhardt (juin), sa précédente visite à Paris remontait à novembre 2009
[A]
Joey DeFrancesco
aux cotés de David Sanborn (juillet)
[B]
Larry Goldings
en trio, avec Peter Bernstein et Bill Stewart (septembre)
[C]
Tony Monaco
aux cotés de Pat Martino (novembre)
[B]
Mel Davis
aux cotés de Ronnie Jordan (février)
[C]
Michel Bénébig
en trio (mars)
[C]
Eddy Louiss
(mars) [B], (juin) [A], (novembre) [A]
un plateau unique "3 orgues"
(septembre) [B]
réunissant en un concert Patrick Villanueva, Emmanuel Bex, Benoît Sourisse
- et les leaders en concert :Emmanuel Bex, en duo/duel avec Laurent De Wilde (février) [C], avec Nico Morelli (mai) [C], dans le nouveau concept de Stéphane Huchard (avril, janvier 2011) [C], en trio BFG (décembre) [C], au St Denis Jazz Club (octobre, novembre) [B], et régulièrement en trio Open Gate [A/B]
Benoît Sourisse, en trio avec Louis Winsberg (mars) [C], en lancement du nouveau concept Imaginarium (novembre) [B], et toujours au sein de Captain' Mercier
et aussi, régulièrement, Patrick Villanueva, Philippe Petit, Stefan Patry ; et Rhoda Scott bien sûr
- la "jeune génération" :Matthieu Marthouret, Rémi Jeannin, Michael Lecoq, Fred Dupont, Damien Argentieri, Oscar Marchioni
- et les "newcomers" :Arnaud Vilquin, Julian Getreau, B'trio, Organ Crumble, So Leslie