Les basses au pédalier
par Bruno Micheli
::
mai 2008
:: didacti-movies
Les basses à l'orgue Hammond : main gauche, ou pédalier ? Aujourd'hui, ce sera le pédalier. Infos, opinions, et pratique... voici les basses au pédalier, en quelques lignes et en quelques images.
L'orgue se composant de deux claviers et un pédalier, il est intéressant de tenter de faire le point sur l'utilisation de l'ensemble.
Le jeu de base de l'orgue est de faire les basses au pédalier, les accords à la main gauche et le thème et les soli à la main droite.
Cela permet un jeu complet en solo avec tous les paramètres de jeu.
Dans le jazz, c'est le plus souvent la basse main gauche (que j'appellerai BMG) qui est utilisée, et, selon la technique employée par Jimmy Smith, on tapote une des pédales les plus basses avec la tirette de 16' sur 5 afin de provoquer le click de contact en synchro avec la main gauche, ce qui donne l'effet d'une corde claquant sur le manche de la contrebasse.
Autre technique, jouer les mêmes notes en BMG et au pédalier, on appelle cela doubler les basses, ce qui permet certains effets intéressants et surtout le remplacement du string-bass.
Le string-bass est un synthétiseur électronique ajouté à l'orgue afin de remplacer le son original du pédalier par un son synthétique avec release, censé remplacer la contrebasse, certains organistes, dont Barbara Dennerlein, utilisent un pédalier midi branché sur un sampler contenant des échantillons bouclés de contrebasses ou de basses électriques.
En France, Rhoda Scott utilise le string-bass mais lorsqu'elle est sur un orgue qui n'en a pas, elle double avec la BMG pour donner cet effet release.
Il existe 2 techniques de pédalier et plusieurs de BMG, commençons par le pédalier :
le talon-pointe, qui permet de lier les notes même sans string-bass puisqu'une note n'est relâchée que quand la suivante est quasiment enclenchée, c'est aussi la technique des organistes classiques quand ils ne jouent pas à 2 pieds.
Le piqué-pointe, où seule la pointe du pied tape sur la note, mais cela ne fonctionne qu'avec un string-bass et son release, qui permet de lier les notes sans utiliser le talon-pointe, un peu comme si on jouait les basses d'un piano avec la pédale de droite enfoncée, il suffit de régler ce release sur 2 secondes et il n'y a plus de trous entre les notes piquées, sachant que le passage à une autre note coupe la précédente, ce qui évite un brouhaha peu élégant.
La BMG maintenant, c'est la main gauche qui joue les basses (avec click de pédalier ou pas selon les gouts) avec deux méthodes, le click provoqué par un coup de pouce entre les notes jouées ou par l'annulaire avant la note jouée, toujours pour imiter le claquement de corde de la contrebasse ou de la basse sur le manche. Possibilité aussi de doubler les BMG avec les pédales (Lonnie Smith, Gerard Gibbs, Joey, etc).
Il faut aussi préciser que quand on utilise le click pédalier, on ne peut le contrôler au point de ne faire que ce click. La plupart du temps, le début de la note de pédale est aussi envoyé avec la BMG, et par conséquent il ne faut pas toujours frapper la même pédale, mais aller chercher d'autres pédales plus hautes quand la BMG monte, et l'inverse à la descente. Cela provoque quelquefois des réactions des pédalistes qui accusent les joueurs de BMG de tricher, alors qu'ils font simplement au mieux pour que le click pédale colle à la BMG, sans la moindre intention de faire croire à un usage intensif des basses pédalier.
Pour produire uniquement un click par le clavier, Emmanuel Bex et Eddy Louiss utilisent souvent l'annulaire, Benoît Sourisse et moi , le pouce, la plupart des organistes américains utilisant le pouce (Jimmy Smith, Joey DeFrancesco, Larry Goldings, etc, etc).
Dans le cas de Joey DeFrancesco ou de Lonnie Smith, c'est un vrai choix car j'ai vu plusieurs fois en privé et en public, ces deux organistes jouer le pédalier de manière incroyable, j'ai donc demandé à ces deux complices pourquoi il jouaient surtout en basse main gauche avec click pédalier, et la réponse est toujours la même, avec le pédalier on perd le swing car tout se raidit, et c'est la raison pour laquelle la plupart des organistes de jazz, en réalité presque tous, utilisent la BMG et le pédalier en appui quand c'est nécessaire, ou le temps de changer des presets avec la main gauche.
Il s'agit d'un vrai choix artistique et musical et non d'un manque de technique ou de connaissance du pédalier, d'autant que les joueurs de BMG ont développé des techniques de frappe du clavier du bas par la main droite afin de donner l'harmonie et des effets "big band", ils ont aussi fait progresser considérablement l'harmonie à l'orgue en jouant la main droite en accords contenants le thème ou l'impro, selon la technique du block-chord si chère aux pianistes des années 30.
Le profane n'entendra aucun "trou" ou manque d'harmonies chez un organiste BMG qui utilise ces techniques, de plus les anciennes manière de jouer l'orgue Hammond étaient un peu "chargées" en registration comme en accords, et les musiques d'aujourd'hui sont bien plus aérées.
Revenons maintenant au son, car si l'Hammond a une sonorité bien particulière au pédalier, un son très sec que d'ailleurs Laurens Hammond n'aimait pas beaucoup, le string-bass est, à mon avis, une hérésie car il n'a rien a voir avec l'orgue Hammond, c'est un synthétiseur ajouté, qui imite une contrebasse, comme un synthé imite les violons, et ce son est inadmissible pour le jazz ou le rock.
L'Hammond est un orgue conçu pour imiter les orgues d'église et non pour jouer de la contrebasse en pizzicati avec la pointe du pied... d'un point de vue puriste.
En réalité, le string-bass est de moins en moins utilisé car pas mal d'organistes en reviennent (Stéfan Patry par exemple qui maintenant double la basse pédalier avec la BMG).
Les utilisateurs de BMG les plus connus sont Jimmy Smith, Joey DeFrancesco, Larry Young, Larry Goldings, Sam Yahel, Gerard Gibbs, Eddy Louiss, Dr Lonnie Smith, Tony Monaco, Emmanuel Bex, Benoît Sourisse, etc, etc.
Pour le pédalier, c'est surtout Rhoda Scott , Barbara Dennerlein, Mike Carr et le regretté Lou Bennett, pour ne citer que les plus connus.
Le groove, très à la mode ces derniers temps, se pratique aussi à la BMG avec quelquefois un doublage au pédalier, sachant qu'il est assez facile de doubler la main gauche par le pied gauche avec les mêmes notes.
Il y a un moment où tout le monde se rejoint, les ballades, car on a le temps de gérer un pédalier, des accords, et une impro sans trop de difficulté en dessous de 80 à la noire, et pas mal d'organistes BMG pratiquent la ballade au pédalier, c'est la vitesse qui pose des problèmes, et le seul organiste que j'ai entendu qui pratiquait parfaitement l'ensemble, et improvisait à la main droite avec de vrais phrasés de be-bop, était Lou Bennett.
Vous savez maintenant presque tout sur les différentes techniques et le choix vous appartient, sachant que je suis très favorable à l’apprentissage du pédalier, même à petites doses, car ce serait dommage de posséder pareil instrument et de ne pas se servir de toutes ses possibilités.
Bonne musique à tous.
Bruno Micheli
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Le jeu de base de l'orgue est de faire les basses au pédalier, les accords à la main gauche et le thème et les soli à la main droite.
Cela permet un jeu complet en solo avec tous les paramètres de jeu.
Dans le jazz, c'est le plus souvent la basse main gauche (que j'appellerai BMG) qui est utilisée, et, selon la technique employée par Jimmy Smith, on tapote une des pédales les plus basses avec la tirette de 16' sur 5 afin de provoquer le click de contact en synchro avec la main gauche, ce qui donne l'effet d'une corde claquant sur le manche de la contrebasse.
Autre technique, jouer les mêmes notes en BMG et au pédalier, on appelle cela doubler les basses, ce qui permet certains effets intéressants et surtout le remplacement du string-bass.
Le string-bass est un synthétiseur électronique ajouté à l'orgue afin de remplacer le son original du pédalier par un son synthétique avec release, censé remplacer la contrebasse, certains organistes, dont Barbara Dennerlein, utilisent un pédalier midi branché sur un sampler contenant des échantillons bouclés de contrebasses ou de basses électriques.
En France, Rhoda Scott utilise le string-bass mais lorsqu'elle est sur un orgue qui n'en a pas, elle double avec la BMG pour donner cet effet release.
Il existe 2 techniques de pédalier et plusieurs de BMG, commençons par le pédalier :
le talon-pointe, qui permet de lier les notes même sans string-bass puisqu'une note n'est relâchée que quand la suivante est quasiment enclenchée, c'est aussi la technique des organistes classiques quand ils ne jouent pas à 2 pieds.
Le piqué-pointe, où seule la pointe du pied tape sur la note, mais cela ne fonctionne qu'avec un string-bass et son release, qui permet de lier les notes sans utiliser le talon-pointe, un peu comme si on jouait les basses d'un piano avec la pédale de droite enfoncée, il suffit de régler ce release sur 2 secondes et il n'y a plus de trous entre les notes piquées, sachant que le passage à une autre note coupe la précédente, ce qui évite un brouhaha peu élégant.
La BMG maintenant, c'est la main gauche qui joue les basses (avec click de pédalier ou pas selon les gouts) avec deux méthodes, le click provoqué par un coup de pouce entre les notes jouées ou par l'annulaire avant la note jouée, toujours pour imiter le claquement de corde de la contrebasse ou de la basse sur le manche. Possibilité aussi de doubler les BMG avec les pédales (Lonnie Smith, Gerard Gibbs, Joey, etc).
Il faut aussi préciser que quand on utilise le click pédalier, on ne peut le contrôler au point de ne faire que ce click. La plupart du temps, le début de la note de pédale est aussi envoyé avec la BMG, et par conséquent il ne faut pas toujours frapper la même pédale, mais aller chercher d'autres pédales plus hautes quand la BMG monte, et l'inverse à la descente. Cela provoque quelquefois des réactions des pédalistes qui accusent les joueurs de BMG de tricher, alors qu'ils font simplement au mieux pour que le click pédale colle à la BMG, sans la moindre intention de faire croire à un usage intensif des basses pédalier.
Pour produire uniquement un click par le clavier, Emmanuel Bex et Eddy Louiss utilisent souvent l'annulaire, Benoît Sourisse et moi , le pouce, la plupart des organistes américains utilisant le pouce (Jimmy Smith, Joey DeFrancesco, Larry Goldings, etc, etc).
Dans le cas de Joey DeFrancesco ou de Lonnie Smith, c'est un vrai choix car j'ai vu plusieurs fois en privé et en public, ces deux organistes jouer le pédalier de manière incroyable, j'ai donc demandé à ces deux complices pourquoi il jouaient surtout en basse main gauche avec click pédalier, et la réponse est toujours la même, avec le pédalier on perd le swing car tout se raidit, et c'est la raison pour laquelle la plupart des organistes de jazz, en réalité presque tous, utilisent la BMG et le pédalier en appui quand c'est nécessaire, ou le temps de changer des presets avec la main gauche.
Il s'agit d'un vrai choix artistique et musical et non d'un manque de technique ou de connaissance du pédalier, d'autant que les joueurs de BMG ont développé des techniques de frappe du clavier du bas par la main droite afin de donner l'harmonie et des effets "big band", ils ont aussi fait progresser considérablement l'harmonie à l'orgue en jouant la main droite en accords contenants le thème ou l'impro, selon la technique du block-chord si chère aux pianistes des années 30.
Le profane n'entendra aucun "trou" ou manque d'harmonies chez un organiste BMG qui utilise ces techniques, de plus les anciennes manière de jouer l'orgue Hammond étaient un peu "chargées" en registration comme en accords, et les musiques d'aujourd'hui sont bien plus aérées.
Revenons maintenant au son, car si l'Hammond a une sonorité bien particulière au pédalier, un son très sec que d'ailleurs Laurens Hammond n'aimait pas beaucoup, le string-bass est, à mon avis, une hérésie car il n'a rien a voir avec l'orgue Hammond, c'est un synthétiseur ajouté, qui imite une contrebasse, comme un synthé imite les violons, et ce son est inadmissible pour le jazz ou le rock.
L'Hammond est un orgue conçu pour imiter les orgues d'église et non pour jouer de la contrebasse en pizzicati avec la pointe du pied... d'un point de vue puriste.
En réalité, le string-bass est de moins en moins utilisé car pas mal d'organistes en reviennent (Stéfan Patry par exemple qui maintenant double la basse pédalier avec la BMG).
Les utilisateurs de BMG les plus connus sont Jimmy Smith, Joey DeFrancesco, Larry Young, Larry Goldings, Sam Yahel, Gerard Gibbs, Eddy Louiss, Dr Lonnie Smith, Tony Monaco, Emmanuel Bex, Benoît Sourisse, etc, etc.
Pour le pédalier, c'est surtout Rhoda Scott , Barbara Dennerlein, Mike Carr et le regretté Lou Bennett, pour ne citer que les plus connus.
Le groove, très à la mode ces derniers temps, se pratique aussi à la BMG avec quelquefois un doublage au pédalier, sachant qu'il est assez facile de doubler la main gauche par le pied gauche avec les mêmes notes.
Il y a un moment où tout le monde se rejoint, les ballades, car on a le temps de gérer un pédalier, des accords, et une impro sans trop de difficulté en dessous de 80 à la noire, et pas mal d'organistes BMG pratiquent la ballade au pédalier, c'est la vitesse qui pose des problèmes, et le seul organiste que j'ai entendu qui pratiquait parfaitement l'ensemble, et improvisait à la main droite avec de vrais phrasés de be-bop, était Lou Bennett.
Vous savez maintenant presque tout sur les différentes techniques et le choix vous appartient, sachant que je suis très favorable à l’apprentissage du pédalier, même à petites doses, car ce serait dommage de posséder pareil instrument et de ne pas se servir de toutes ses possibilités.
Bonne musique à tous.
Bruno Micheli

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Commentaires
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