Ma discographie de Jimmy Smith
par Michel Devos :: décembre 2009 :: CDs - DVDs - Gigs
Petit voyage dans la nébuleuse Jimmy Smith
Les épithètes n’ont pas manqué depuis 1956 pour décrire Jimmy Smith : incroyable, imprévisible, fantastique, volcanique, etc… Pour ma part, j’en rajouterai une : incontournable…
En effet, depuis son arrivée sur le marché discographique en février 1956, les disques de Jimmy Smith se sont succédés à un rythme soutenu tout au long de sa carrière de plus de 50 années, tant chez Blue Note que Verve et d’autres labels encore. On dénombre aujourd’hui plus de 200 items auxquels il a participé directement ou indirectement, comme soliste ou sideman. Cette floraison d’opus décourage évidemment les amateurs nouveaux-venus qui se demandent à juste titre sur quels critères établir une sélection. C’est pourquoi il m’est venu l’idée de rassembler une petite liste d’une trentaine d’albums représentant selon moi une bonne quintessence de son œuvre.
Comme toutes les listes, elle est purement subjective et met l’accent sur l’aspect jazz de Jimmy Smith.
Reprenons une rapide chronologie de sa carrière discographique. En été 1955, Smith avait maîtrisé l’orgue Hammond suffisamment pour faire largement parler de lui dans un petit club d’Atlantic City. Attiré par la rumeur, le chanteur Babs Gonzales vint l’écouter et, enthousiasmé, organise une rencontre avec les patrons de Blue Note, Alfred Lion et Frank Wolff. Les quatre hommes se retrouvent au Small’s Paradise à New York en janvier 1956 où Smith honorait un premier engagement d’une semaine, et Alfred Lion, sidéré par ce qu’il venait d’entendre, signe immédiatement un contrat avec l’organiste (la rencontre est décrite en détails par Richard Cook dans son livre Blue Note - The Biography).
Premiers d’une série de près de 40 albums, les deux microsillons BLP 1512 et BLP 1514 sont enregistrés en février 1956 par Rudy Van Gelder à Hackensack et font immédiatement sensation. Accompagné de Bay Perry et Donald Bailey (dms) et Thornell Schwartz (gtr), Smith crée d’entrée de jeu la référence Jazz de l’orgue Hammond. D’autres albums en trio suivront dans l’année, puis des sessions en sextet, quartet, quintet en 1957, culminant dans les sessions The Sermon de 1958 qui constituent l’archétype de l’esthétique hard bop-Hammond.
A partir de 1957, le style s’affine et de superbes albums en trio apparaissent régulièrement, Groovin’ at Small’s Paradise, Softly as a Summer Breeze, Crazy Baby, Plays Fats Waller, suivis d’autres affirmant les rudiments d’un nouveau style connu ultérieurement sous le vocable de soul jazz, Midnight Special, Back at the Chicken Shack, Prayer Meeting etc…
Fin 1961, Smith quitte Blue Note au grand dam d’Alfred Lion, pour céder aux sirènes de Verve : il obtient ainsi un contrat beaucoup plus avantageux, une meilleure distribution et, surtout, la possibilité de travailler avec un grand orchestre sous la direction d’Oliver Nelson : une immense réussite, tant sur le plan esthétique que commercial, salue la parution du premier album, Bashin’, dont la plage Walk on the Wild Side catapulte Smith en tête des charts de jazz. Réussite presque unique, dont la perfection a porté ombrage aux albums subséquents, quoique toujours très intéressants (Blue Bash, Got my Mojo Working, The Cat, Organ Grinder’s Swing).
On pourrait à ce point dans sa carrière, la comparer à celle de Ray Charles, qui quitta inopinément Atlantic en 1960 pour ABC Paramount sur base d’une meilleure promotion auprès du public blanc et de royalties particulièrement attrayantes. Malheureusement, comme pour Charles, le volet jazz de ses activités discographiques s’est mis à décliner lentement mais sûrement pour céder la place à des réalisations plus commerciales, orientées vers le grand public. L’amorce de cet épisode est très bien montrée dans le film allemand de la NDR consacré à la tournée 1965 du trio.
Paradoxalement, c’est à cette époque de ‘commercialisme’ que les prestations publiques en trio de JOS sont les plus enthousiasmantes, voir en particulier les concerts à Paris de 1965 et 1969.
Pour ma part, je suis resté un grand admirateur de Jimmy Smith sans toutefois prendre autant de plaisir à ses enregistrements depuis 1970, sauf peut être pour les Further Adventures of Jimmy and Wes, ou les albums Fourmost avec Stanley Turrentine, Angel Eyes (un sommet dans la qualité de prise de son, due à Jim Anderson) ou encore les apparitions en trio avec Kenny Burrell et Grady Tate (Master I et II).
Voila donc ce qui est repris dans la courte liste que je vous soumets ci-après, divisé en trois catégories : les indispensables, les excellents, les très bons :
Noter que les dates communiquées sont celles de l’enregistrement et non celles de la parution!
La question traditionnellement posée à l’issue de cet exercice reste : si vous deviez choisir un album, lequel…? Très difficile, pour ne pas dire impossible. Je tricherai donc un peu en me rabattant sur l’excellent coffret Retrospective reprenant l’essentiel de sa production Blue Note, l’album Bashin’ pour Walk on the Wild Side, l’album Groovin’ at Small’s Paradise et Crazy Baby.
A déguster sans modération.
Michel Devos
(ndlr : lecteurs, commentateurs, experts... n'hésitez pas à ajouter ci-dessous des albums à cette liste, en argumentant si posible, vous êtes bienvenus ; merci)
Les épithètes n’ont pas manqué depuis 1956 pour décrire Jimmy Smith : incroyable, imprévisible, fantastique, volcanique, etc… Pour ma part, j’en rajouterai une : incontournable…
En effet, depuis son arrivée sur le marché discographique en février 1956, les disques de Jimmy Smith se sont succédés à un rythme soutenu tout au long de sa carrière de plus de 50 années, tant chez Blue Note que Verve et d’autres labels encore. On dénombre aujourd’hui plus de 200 items auxquels il a participé directement ou indirectement, comme soliste ou sideman. Cette floraison d’opus décourage évidemment les amateurs nouveaux-venus qui se demandent à juste titre sur quels critères établir une sélection. C’est pourquoi il m’est venu l’idée de rassembler une petite liste d’une trentaine d’albums représentant selon moi une bonne quintessence de son œuvre.
Comme toutes les listes, elle est purement subjective et met l’accent sur l’aspect jazz de Jimmy Smith.
Reprenons une rapide chronologie de sa carrière discographique. En été 1955, Smith avait maîtrisé l’orgue Hammond suffisamment pour faire largement parler de lui dans un petit club d’Atlantic City. Attiré par la rumeur, le chanteur Babs Gonzales vint l’écouter et, enthousiasmé, organise une rencontre avec les patrons de Blue Note, Alfred Lion et Frank Wolff. Les quatre hommes se retrouvent au Small’s Paradise à New York en janvier 1956 où Smith honorait un premier engagement d’une semaine, et Alfred Lion, sidéré par ce qu’il venait d’entendre, signe immédiatement un contrat avec l’organiste (la rencontre est décrite en détails par Richard Cook dans son livre Blue Note - The Biography).
Premiers d’une série de près de 40 albums, les deux microsillons BLP 1512 et BLP 1514 sont enregistrés en février 1956 par Rudy Van Gelder à Hackensack et font immédiatement sensation. Accompagné de Bay Perry et Donald Bailey (dms) et Thornell Schwartz (gtr), Smith crée d’entrée de jeu la référence Jazz de l’orgue Hammond. D’autres albums en trio suivront dans l’année, puis des sessions en sextet, quartet, quintet en 1957, culminant dans les sessions The Sermon de 1958 qui constituent l’archétype de l’esthétique hard bop-Hammond.
A partir de 1957, le style s’affine et de superbes albums en trio apparaissent régulièrement, Groovin’ at Small’s Paradise, Softly as a Summer Breeze, Crazy Baby, Plays Fats Waller, suivis d’autres affirmant les rudiments d’un nouveau style connu ultérieurement sous le vocable de soul jazz, Midnight Special, Back at the Chicken Shack, Prayer Meeting etc…
Fin 1961, Smith quitte Blue Note au grand dam d’Alfred Lion, pour céder aux sirènes de Verve : il obtient ainsi un contrat beaucoup plus avantageux, une meilleure distribution et, surtout, la possibilité de travailler avec un grand orchestre sous la direction d’Oliver Nelson : une immense réussite, tant sur le plan esthétique que commercial, salue la parution du premier album, Bashin’, dont la plage Walk on the Wild Side catapulte Smith en tête des charts de jazz. Réussite presque unique, dont la perfection a porté ombrage aux albums subséquents, quoique toujours très intéressants (Blue Bash, Got my Mojo Working, The Cat, Organ Grinder’s Swing).
On pourrait à ce point dans sa carrière, la comparer à celle de Ray Charles, qui quitta inopinément Atlantic en 1960 pour ABC Paramount sur base d’une meilleure promotion auprès du public blanc et de royalties particulièrement attrayantes. Malheureusement, comme pour Charles, le volet jazz de ses activités discographiques s’est mis à décliner lentement mais sûrement pour céder la place à des réalisations plus commerciales, orientées vers le grand public. L’amorce de cet épisode est très bien montrée dans le film allemand de la NDR consacré à la tournée 1965 du trio.
Paradoxalement, c’est à cette époque de ‘commercialisme’ que les prestations publiques en trio de JOS sont les plus enthousiasmantes, voir en particulier les concerts à Paris de 1965 et 1969.
Pour ma part, je suis resté un grand admirateur de Jimmy Smith sans toutefois prendre autant de plaisir à ses enregistrements depuis 1970, sauf peut être pour les Further Adventures of Jimmy and Wes, ou les albums Fourmost avec Stanley Turrentine, Angel Eyes (un sommet dans la qualité de prise de son, due à Jim Anderson) ou encore les apparitions en trio avec Kenny Burrell et Grady Tate (Master I et II).
Voila donc ce qui est repris dans la courte liste que je vous soumets ci-après, divisé en trois catégories : les indispensables, les excellents, les très bons :
-1- |
Les indispensables |
A new sound, a new star 1956 Blue Note | |
At the Organ 1956 Blue Note |
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At Club Baby Grand vol1+2 1956 Blue Note | |
At the Organ vol1+2 1957 Blue Note |
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Groovin' at Small's Paradise vol1+2 1957 Blue Note | |
Cool Blues 1958 Blue Note |
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Complete Sermon Sessions 1958 Blue Note | |
Softly as a Summer Breeze 1958 Blue Note |
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Six Views of the Blues 1958 Blue Note | |
Standards 1957-58-59 Blue Note |
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Home Cookin' 1958 Blue Note | |
Midnight Special 1960 Blue Note |
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Back at the Chicken Shack 1960 Blue Note | |
Crazy Baby 1960 Blue Note |
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Bashin' 1962 Blue Note | |
Paris jazz concert 1965 vol1+2 1965 Blue Note |
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The Master 1993 Blue Note | |
The Master II 1993 Blue Note |
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Angel Eyes Ballads and slow jams 1995 Verve | |
-2- |
Les excellents |
Jimmy Smith Plays Fats Waller 1962 Blue Note | |
The Cat 1964 Verve |
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Organ Grinder Swing 1965 Verve | |
Respect 1967 Verve |
|
Fourmost 1990 Milestone | |
Fourmost Return 2001 Milestone |
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-3- |
Les très bons |
The Sounds of Jimmy Smith 1957 Blue Note | |
A Date with Jimmy Smith vol1+2 1957 Blue Note |
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Blue Bash 1963 Verve | |
Got My Mojo Workin' 1965 Verve |
Noter que les dates communiquées sont celles de l’enregistrement et non celles de la parution!
La question traditionnellement posée à l’issue de cet exercice reste : si vous deviez choisir un album, lequel…? Très difficile, pour ne pas dire impossible. Je tricherai donc un peu en me rabattant sur l’excellent coffret Retrospective reprenant l’essentiel de sa production Blue Note, l’album Bashin’ pour Walk on the Wild Side, l’album Groovin’ at Small’s Paradise et Crazy Baby.
A déguster sans modération.
Michel Devos
(ndlr : lecteurs, commentateurs, experts... n'hésitez pas à ajouter ci-dessous des albums à cette liste, en argumentant si posible, vous êtes bienvenus ; merci)
Commentaires
1. décembre 2009, par tonio
2. décembre 2009, par Stephan
3. octobre 2011, par prauthoy
4. décembre 2011, par JA
5. avril 2012, par papounet 34
6. janvier 2015, par hair extensions uk
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